Séminaire Aude Gébelin

Aude Gébelin , Post-doctorante au Department of Geological Sciences de l' University of Plymouth, donnera un séminaire titré: "Les Interactions fluide-roche-déformation dans la croûte continentale: lien entre processus profonds et processus de surface ".

Les zones de cisaillement ductiles et, notamment les détachements, s’avèrent représenter des objets d’importance capitale pour mieux comprendre l’interaction entre processus tectoniques profonds, processus de surface, topographie et climat, car séparant la croûte supérieure froide et fragile de la croûte moyenne à inférieure chaude et ductile, ils contrôlent d’une part le flux de matériel qui part du système orogénique par érosion et le réseau fluviatile, mais aussi le flux de matériel qui pénètre par advection de matériel chaud dans la croûte inférieure. Ces grands systèmes extensifs, qui enregistrent ainsi l’évolution géodynamique de la croûte terrestre au cours du cycle orogénique, représentent des zones de déformation localisées, d’intense circulation de fluides et d’échange thermique où fluides de surface et fluides métamorphiques se rencontrent.
Dans un but de mieux comprendre les interactions fluide-roche-déformation au niveau de cette zone critique de la croûte continentale, une approche pluridisciplinaire et multi-échelles couplant des données structurales, microstructurales, thermométriques, et géochimiques est menée sur les roches mylonitiques qui se développent dans le mur de ces cisaillements ductiles actifs. L’ensemble de ces données permet de 1) définir la source des fluides présents pendant la déformation, 2) déterminer la période d’infiltration de ces fluides et la durée des échanges isotopiques fluide-minéral pendant la mylonitisation, 3) apprécier le rôle thermique et mécanique de ces fluides pendant la déformation de haute température.
L’exploitation du signal isotopique des fluides météoriques (valeurs δD et δ18O) préservé dans les silicates syncinématiques permet également de quantifier l’évolution spatiale et temporelle de la surface topographique des orogènes érodés au cours des temps géologiques. Cette méthode originale de paléoaltimétrie des isotopes stables appliquée aux mylonites et, actuellement en cours sur les zones internes de la chaîne Varisque d’Europe de l’ouest, a montré son efficacité lors de la reconstitution de l’élévation moyenne de la région des Basin and Range au Cénozoïque, mais aussi de celle du Mont Everest au Miocène moyen.
Retracer l’histoire des fluides et comprendre le contexte thermomécanique dans lequel ils ont évolué depuis l’échelle microscopique jusqu’à l’échelle de l’orogène permet ainsi de développer de nouvelles idées sur les relations entre déformation crustale, processus géodynamiques, topographie et climat.

Venez nombreux !